Sur l’accueil des groupes scolaires le Mardi
Ce matin, vos organisations syndicales étaient reçues par la Direction pour qu’elle nous expose son projet d’accueil des groupes scolaires le Mardi.
L’argument de la Direction s’articule autour d’un accueil privilégié à la fois pour les professeur-es et les élèves quand le musée est vide de ses visiteur-ses. Des établissements franciliens inscrits dans les réseaux d’éducation prioritaires seraient privilégiés pour un tel dispositif. L’Administration prévoit d’accueillir 600 groupes au cours de l’année scolaire 2024-2025 répartis sur 30 mardis par an (soit 20 par jour pour une durée d’une heure trente) alors que les années 2021-2022 avaient vues 141 groupes accueillis le mardi. Notre Direction argue du contrôle total de ces nouveaux groupes en terme de nombre voire en terme de déplacement dans les espaces muséographiques. Les groupes pourraient être incités à visiter des espaces particuliers afin d’offrir une vue plus générale des collections du musée pour ne pas rester prisonnier des immanquables de la région Denon et Sully (pour ne pas les nommer). Plus important encore, les groupes TDO pourraient devenir autonomes et leurs conférencier-es bénéficier d’une « formation » pour accompagner seul-es leurs étudiant-es.
Pour nous la question est claire, d’une mission parmi les plus louables de notre établissement, à savoir accueillir le public éloigné socialement de nos murs, la Direction le transforme en une énième contrainte pour TOUS les personnels et pour le fonctionnement de notre musée dans son ensemble. Le Mardi est un jour de fermeture indispensable pour que le Musée du Louvre puisse remplir d’autres obligations en l’absence du public. Le déplacement des œuvres, les travaux d’entretien du bâtiment, les tests des équipements de sécurité, les exercices incendies/attentats, essais sonores, les tournages, les photographies…
Toutes ces activités essentielles seront perturbées, ajournées à cause de ce surplus d’activités. Comment peut-on imaginer que l’on peut conjuguer toutes ces missions qui vont ne jamais cesser de se percuter ? A coup sûr, les groupes scolaires seront gagnants contre ces activités qui se font pour la plupart dans le silence et au jour le jour. Depuis 2016, 725 groupes ont été accueillis le mardi, en l’espace d’une année scolaire le Louvre veut en accueillir 600. Et ces 725 groupes étaient répartis sur des espaces très restreints : expo temporaire, Arts de l’Islam et Petite Galerie. C’est une explosion du nombre de groupes à très courte échéance et les assurances de la Direction quant à des points d’étape avant d’arriver à ce chiffre ne sont pas pour nous rassurer.
Il n’y avait pas d’argent magique, il va y avoir des agent-es magiques. Comme à propos de l’ouverture du musée jusqu’à 19 heures, l’établissement peine à fonctionner en temps normal, il va falloir ajouter un volet supplémentaire d’activités pour la surveillance. Et voilà que les accompagnant-es des TDO vont recevoir une vague formation pour pouvoir exercer le métier d’agent-e d’accueil et de surveillance ? C’est hors de question. La surveillance n’est pas une activité exercée sans connaissance, sans responsabilités vis-à-vis de l’établissement ni vis-à-vis de la société. Les agent-es de surveillance sont des agent-es exerçant une mission de service public essentielle. Elle ne se pratique pas par-dessus la jambe entre la poire et le fromage. Ces collègues connaissent parfaitement leurs espaces, leurs consignes et ont une expertise qu’ils-elles détiennent seul-es. Nous ne braderons pas nos métiers.
Alors que les agent.es du Louvre se sont mobilisé-es en 2014 contre le projet d’ouverture 7J/7, voilà qu’il revient déguisé en noble cause.
Des idées et/ou des projets sans moyens humains et financiers dans un musée qui subit depuis une dégradation notable des conditions de travail et de visite et un manque d’effectifs.
Doit-on s’y habituer ?
SUD Culture Solidaires, section Louvre, le 27 février 2023.